samedi 27 juillet 2013

Les survivants de "La Méduse"

Le calme était revenu. L'océan et le ciel se confondaient dans une immensité noire. Du prestigieux voilier, il ne restait qu'un minuscule radeau sur lequel s'entassaient les corps meurtris des rares survivants du naufrage. Jamais ils n'oublieraient l'horreur qu'ils venaient de vivre.

Ils avaient côtoyé la souffrance, le sang, la mort. Des dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants avaient péri au sein d'une scène apocalyptique. Eux, avaient froid, ils étaient terrifiés, et pour certains, blessés. Ils avaient tout perdu : leurs biens, leurs époux et épouses, leurs enfants. L'incertitude quant à leur survie amplifiait encore leur désespoir. Seuls au milieu de nulle part, ils n'avaient rien à boire, rien à manger.

Combien d'heures, de jours devraient-ils attendre avant que l'on vienne leur porter secours ? Le canot de fortune ne résisterait pas une autre tempête et eux, ne survivraient pas plus de quelques jours sans eau ni victuailles.

Quelques heures plus tôt, les éléments s'étaient déchaînés, malmenant "La Méduse" et l'emportant dans les ténèbres. Seules quelques personnes avaient survécu. Mais pourraient-elles continuer à vivre après un tel cauchemar ?

Les jours passèrent. Ils n'étaient plus que deux à bord : un homme et une femme. Il avait perdu sa moitié et ses enfants dans la catastrophe. Elle était encore une toute jeune fille et aurait dû convoler une semaine plus tard. Mais son fiancé comptait parmi les victimes du drame.

Depuis ce jour noir, ils avaient fait connaissance. Ils s'étaient soutenus l'un l'autre. L'adversité les avait rapprochés. Cette tendresse mutuelle les avait maintenus en vie alors que les autres avaient succombé. Elle aimait son humour et sa gentillesse. Lui, accablé par la perte de sa famille, s'émouvait de sa fraîcheur et de son charme innocent.

Les secours ne se montraient pas. Le jeun forcé les faisait souffrir atrocement et ils étaient de plus en plus faibles. Elle ne voulait pas mourir avant d'avoir connu le plaisir de la chair. A la nuit tombée, il céda à ses avances. Ils utilisèrent le peu de forces qu'il leur restait et firent l'amour. Puis, afin de mettre fin à leur calvaire, ils roulèrent ensemble dans les flots.


Quelques minutes plus tard, le phare d'un navire transperça la nuit, mais il était trop tard.

Ce texte a été réalisé dans le cadre de l'atelier d'écriture du groupe Facebook "Amoureux de la plume" que j'anime 

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