La
photo etait là, sur la table. Elle avait été prise quelques heures
plus tôt. J'avais trouvé pour l'été, un emploi de caissière au zoo proche de chez moi. Le soir, au moment de la débauche, j'avais
décidé de faire un tour dans le parc. J'admirais les tigres blancs,
essayant de les prendre en photo, mais ils étaient bien trop loin.
Alors le soigneur me proposa de les prendre pour moi, ce que
j'acceptai avec plaisir.
Avant
de rentrer à la maison, j'avais déposé ma carte mémoire chez le
photographe lui demandant de développer la photo du tigre en format
poster. Environ deux heures plus tard, j'étais chez moi et
j'admirais le résultat spectaculaire. On aurait dit que le tigre
avait pris la pose afin de se trouver sous son meilleur jour. Il
semblait me regarder intensément. Le soigneur était un génie.
Je
me débarassai de mes affaires, otai mes chaussures, et admirai la
photo lorsque je vis le tigre sortir une patte, puis une autre. Je
crus d'abord à une hallucination, mais le tigre maintenant se levait
et s'étirait de tout son long, laissant entrevoir une musculature
impressionnante. Figée de surprise et de peur, je regardai, effarée,
l'animal bondir hors du cadre et se poster devant moi.
Terrorisée,
je n'osais pas bouger. Le tigre s'avança un peu, s'assit sur son derrière
et feula. Ne sachant que faire, tétanisée, je m'agenouillai sans
réfléchir et baissai la tête. L'animal s'approcha de moi, et me
lécha le visage. Je remarquai alors qu'il s'agissait d'une femelle
alors que le tigre présent au zoo était un mâle. D'abord surprise
par ce geste affectueux, je risquai une main sur son dos et entreprit
une caresse. Son pelage était d'une grande douceur, contrastant avec
la réputation féroce de l'animal. Je pris énormément de plaisir à
prolonger la caresse qu'elle semblait apprécier, vu qu'elle se mit à
ronronner.
Elle
s'allongea sur le flanc, et m'incita, d'un coup de patte affectueux à
poser ma tête sur son buste. A ce moment, une chose
incroyable se produisit. A l'instant où ma tête entrait en contact
avec le pelage de l'animal, je fus transportée dans des contrées
lointaines, en pleine nature. Là, je vis le corps sans vie de mon
tigre, allongé sur le flanc. Deux tigrons couraient et miaulaient
autour de lui, cherchant en vain, à réveiller l'animal. Je compris
alors que celui se trouvant avec moi devait être l'esprit de la
femelle du tigre pris en captivité au parc zoologique, même si je
ne savais pas comment elle avait pu arriver dans la photo. A cet
instant, je repris connaissance, me retournai et constatai que ma
tête reposai sur une peluche.
Je
me relevai, montai la peluche dans ma chambre et passai alors un coup
de téléphone au soigneur, cherchant à savoir où l'animal avait
été capturé. La photo était toujours sur la table, intacte.
J'ignorai comment l'esprit de cette tigresse avait réussi à entrer
en contact avec moi, mais j'étais décidée à retrouver ses petits
et les confier à quelqu'un qui saurait en prendre soin.
Texte réalisé dans le cadre du jeu organisé par La petite fabrique d'écriture sur une photo de Joelle.
Texte réalisé dans le cadre du jeu organisé par La petite fabrique d'écriture sur une photo de Joelle.
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