dimanche 17 juin 2012

L'esprit de la tigresse


La photo etait là, sur la table. Elle avait été prise quelques heures plus tôt. J'avais trouvé pour l'été, un emploi de caissière au zoo proche de chez moi. Le soir, au moment de la débauche, j'avais décidé de faire un tour dans le parc. J'admirais les tigres blancs, essayant de les prendre en photo, mais ils étaient bien trop loin. Alors le soigneur me proposa de les prendre pour moi, ce que j'acceptai avec plaisir.
Avant de rentrer à la maison, j'avais déposé ma carte mémoire chez le photographe lui demandant de développer la photo du tigre en format poster. Environ deux heures plus tard, j'étais chez moi et j'admirais le résultat spectaculaire. On aurait dit que le tigre avait pris la pose afin de se trouver sous son meilleur jour. Il semblait me regarder intensément. Le soigneur était un génie.
Je me débarassai de mes affaires, otai mes chaussures, et admirai la photo lorsque je vis le tigre sortir une patte, puis une autre. Je crus d'abord à une hallucination, mais le tigre maintenant se levait et s'étirait de tout son long, laissant entrevoir une musculature impressionnante. Figée de surprise et de peur, je regardai, effarée, l'animal bondir hors du cadre et se poster devant moi.
Terrorisée, je n'osais pas bouger. Le tigre s'avança un peu, s'assit sur son derrière et feula. Ne sachant que faire, tétanisée, je m'agenouillai sans réfléchir et baissai la tête. L'animal s'approcha de moi, et me lécha le visage. Je remarquai alors qu'il s'agissait d'une femelle alors que le tigre présent au zoo était un mâle. D'abord surprise par ce geste affectueux, je risquai une main sur son dos et entreprit une caresse. Son pelage était d'une grande douceur, contrastant avec la réputation féroce de l'animal. Je pris énormément de plaisir à prolonger la caresse qu'elle semblait apprécier, vu qu'elle se mit à ronronner.
Elle s'allongea sur le flanc, et m'incita, d'un coup de patte affectueux à poser ma tête sur son buste. A ce moment, une chose incroyable se produisit. A l'instant où ma tête entrait en contact avec le pelage de l'animal, je fus transportée dans des contrées lointaines, en pleine nature. Là, je vis le corps sans vie de mon tigre, allongé sur le flanc. Deux tigrons couraient et miaulaient autour de lui, cherchant en vain, à réveiller l'animal. Je compris alors que celui se trouvant avec moi devait être l'esprit de la femelle du tigre pris en captivité au parc zoologique, même si je ne savais pas comment elle avait pu arriver dans la photo. A cet instant, je repris connaissance, me retournai et constatai que ma tête reposai sur une peluche.
Je me relevai, montai la peluche dans ma chambre et passai alors un coup de téléphone au soigneur, cherchant à savoir où l'animal avait été capturé. La photo était toujours sur la table, intacte. J'ignorai comment l'esprit de cette tigresse avait réussi à entrer en contact avec moi, mais j'étais décidée à retrouver ses petits et les confier à quelqu'un qui saurait en prendre soin.


Texte réalisé dans le cadre du jeu organisé par La petite fabrique d'écriture sur une photo de Joelle.

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